(Boursica.com) Vous êtes un spécialiste de la conception, de la fabrication, ainsi que de la commercialisation d'équipements de sport et de loisirs, pouvez-vous nous présenter de manière un peu plus détaillée vos différentes activités ?
(Olivier Estèves) Nous sommes organisés autour de trois divisions, une division sport qui constitue un peu plus de la moitié de notre chiffre d'affaires, qui regroupe les activités de gymnastique, essentiellement axée sur la compétition et l'éducation physique, comprenez par-là, les équipements d'accès à la pratique sportive et essentiellement l'environnement scolaire. Nous couvrons de même les sports collectifs, tels que le basket, le volley, le handball, etc.
L'escalade constitue notre deuxième division dans le domaine du sport. Parmi nos trois divisions, cette dernière connaît la croissance la plus soutenue. Elle regroupe les activités de mur d'escalade à vocation sportive ou ludique et également l'exploitation de centres de loisirs.
Enfin, la troisième division regroupe nos activités historiques d'aménagements de vestiaires en environnement sportif ou scolaire. Il s'agit plus concrètement de casiers, de cabines, de systèmes de cloisonnement pour se changer, pour prendre des douches, etc.
(Boursica.com) L'un de vos points forts réside, et nous l'avons souligné à de nombreuses reprises à nos lecteurs, dans la visibilité à l'international de votre groupe puisque beaucoup de vos marques sont retenues lors de compétitions d'envergure. Pouvez-vous nous faire un rapide tour d'horizon de vos différents partenariats ?
(Olivier Estèves) Nous avons deux types de partenariat : les partenariats de moyen terme avec des fédérations sportives internationales ou nationales comme par exemple, la fédération internationale de gymnastique qui régit le monde de la gymnastique sportive. Nous sommes partenaire exclusif de la fédération internationale des sports d'escalade, l'IFSC. Nous sommes aussi partenaire unique de la fédération nationale de basket-ball, ou encore de la fédération nationale de handball, etc. Il y a également des déclinaisons nationales, des fédérations françaises de gymnastique, d'escalade, mais aussi allemande, belge, hollandaise, britannique, canadienne et j'en passe.
La deuxième catégorie correspond à des partenariats ponctuels sur de grands événements sportifs. Les derniers Jeux Olympiques de Rio au Brésil en 2016 en sont une bonne illustration. Nous avions un partenariat exclusif pour les fournitures de l'ensemble du matériel de gymnastique et des buts de basket. Ce partenariat a été signé deux ans avant les JO, dont la durée de vie était programmée pour la durée de préparation des Jeux et leurs réalisations.
(Boursica.com) A ce titre, la validation de l'escalade comme sport olympique est-elle source de nouvelles opportunités pour ABEO ?
(Olivier Estèves) Cela va effectivement offrir des opportunités, qui sont de deux ordres.
L'une est très générale, l'accession au statut de discipline olympique va aider au développement de l'escalade dans le monde entier, notamment parce que c'est une reconnaissance qui crédibilise ce sport. L'escalade est déjà en plein essor et ce nouveau statut va indéniablement accélérer son développement.
Des pays qui aujourd'hui, sont peu présents sur cette activité vont vouloir y être, en participant aux Jeux Olympiques. Il va y avoir un effet de dynamisation du marché.
Il y aura également une opportunité pour nous, dans un autre registre, qui est de se positionner sur les Jeux de Tokyo pour être le fournisseur des murs d'escalade. C'est une décision qui sera prise par le comité d'organisation, probablement au début de 2018 et nous espérons bien être ce partenaire.
(Boursica.com) Ceux qui connaissent votre groupe savent que vous êtes un spécialiste des acquisitions. Votre introduction en bourse devait justement permettre l'achat de plusieurs sociétés, telles que Sportsafe UK ou encore Erhard Sport pour n'en citer que quelques-uns. Compte tenu de vos dernières publications, vous admettez poursuivre dynamiquement cette stratégie d'acquisitions ciblées. Concrètement, où s'arrête votre ambition de consolider ce marché fragmenté et comment financez-vous ces opérations de croissance externe ?
(Olivier Estèves) Je serais tenté de répondre que notre ambition n'a pas de limite. Notre marché est très segmenté, très fragmenté. Partout dans le monde, l'offre est constituée essentiellement de sociétés de petite ou moyenne dimension, de sociétés familiales avec généralement une emprise très locale. Toutes ces sociétés concurrentes sont potentiellement des acquisitions pour nous et sont susceptibles de venir compléter notre dispositif dans le pays où elles opèrent. Bien entendu, des limites, nous en aurons naturellement et elles correspondent à deux choses.
La première, c'est le temps et les efforts qu'il faut pour intégrer une nouvelle société à notre groupe. Ce n'est pas le tout de l'approcher, de négocier son achat, encore faut-il la faire adhérer au dispositif d'ABEO, son organisation et ses valeurs. Aujourd'hui, nous sommes sur un rythme d'acquisitions qui est de deux, trois ou quatre sociétés par an. Je ne pense pas que nous puissions aller au-delà compte tenu de cette première limite.
La deuxième, ce sont les ressources financières. Chaque acquisition nécessite un certain investissement et même si aujourd'hui, le fait d'être coté en Bourse nous donne un accès à une source de financement qui est potentiellement profonde, on ne peut pas multiplier les acquisitions indéfiniment ou revenir tous les ans vers la Bourse.
Pour résumer ma réponse, je dirais que le modèle que nous avons mis en avant à l'occasion de notre entrée en Bourse et qui correspond à notre histoire, nous permet de réaliser environ 13 à 15% de croissance externe par le biais des acquisitions. Je pense par ailleurs que ce pourcentage est réaliste pour les années à venir également.
(Boursica.com) Vous vous dites confiant pour atteindre les objectifs du Plan 2020, à savoir un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros. Tout laisse à penser que vous êtes sur la bonne voie compte tenu de la croissance de vos activités. Toutefois, nous relevons qu'elle est en très grande partie portée par la croissance externe, qu'en est-il de la croissance organique ?
(Olivier Estèves) La quasi-stagnation de notre croissance organique ne concerne que le premier semestre de l'exercice en cours, nous avons effectivement affiché 2,1% de croissance organique. Pour autant, ce qu'il faut noter, c'est que sur l'ensemble de l'exercice précédent 2016-2017, notre croissance organique a été de 12,6%.
Le premier semestre de cette année constitue donc une consolidation de la très forte croissance organique de l'exercice précédent et je rajouterais que ce 2,1% venant s'ajouter au 12,6%, est déjà une performance en soi.
Nous continuons d'afficher notre objectif en la matière, qui est de générer une moyenne de 6 à 7% de croissance organique par an. Celle-ci fait partie intégrante de notre modèle de développement. Pour être très concret, notre croissance des dernières années comme celle que nous projetons d'ici à 2020, est une croissance annuelle de 20%, qui se décompose en 6 à 7% pour la croissance organique et 13 à 14% pour la croissance externe.
(Boursica.com) Quelle est l'ambition d'ABEO pour les 5 ans à venir en termes de chiffre d'affaires, de rentabilité et de retour aux actionnaires ?
(Olivier Estèves) Ce que je peux dire pour au-delà de notre plan à 2020, c'est que nous n'allons pas nous arrêter en si bon chemin. Lorsque les 300 millions d'euros de chiffre d'affaires auront été atteints, nous espérons prolonger notre trajectoire des dernières années, qui est de générer une croissance de l'ordre de 20% par an, en combinant croissance organique et croissance externe.
Nous pensons que nos marchés sont durablement bien orientés. Le marché du sport, ou encore des équipements structurant le sport, sur lesquels nous sommes présents, est un marché qui est dynamique, prometteur, dont les ressorts sont profonds et correspondent à des modes de vie dans le monde entier, portés par l'explosion des classes moyennes ou de l'urbanisation. Tout cela alimente la progression de notre marché. Nous pensons que ces éléments ne s'arrêteront pas en 2020, cette dynamique se poursuivra bien au-delà.
(Boursica.com) Quels avis portez-vous sur la réussite boursière d'ABEO ?
(Olivier Estèves) Je suis ravi que les choses se déroulent de cette manière-là, notamment pour les investisseurs qui ont bien voulu nous faire confiance.
En même temps, nous n'avons pas les yeux rivés sur le cours de Bourse et son évolution puisque nous savons qu'il peut dépendre de facteurs exogènes, liés aux tendances lourdes de l'économie mondiale, aux marchés, à l'appétence des investisseurs à se tourner vers les marchés action ou vers d'autres types d'investissements à un certain moment et que cela peut aller et venir. Nous essayons donc de maintenir une certaine distance vis à vis de l'évolution du cours au quotidien.
Pour autant, nous sommes bien sûr satisfaits de constater que le marché ait réagi positivement aux différentes annonces depuis un an, ce qui démontre la bonne tenue du plan que nous avons présenté.
(Boursica.com) Enfin, auriez-vous un message à délivrer aux actionnaires ?
(Olivier Estèves) Toujours aussi motivés et plus convaincus que jamais, nous sommes collectivement focalisés sur nos objectifs et avons le souci de délivrer ce que nous avons présenté au marché, il y a un an maintenant. Nous sommes dans une position privilégiée sur le marché pour bénéficier des opportunités qui se présentent et sommes très heureux que le marché nous ait suivi et continue de nous suivre. Nous allons essayer de ne pas démériter.
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