Une étude avec le rimonabant montre une amélioration significative de l'HbA1c et des facteurs de risque cardio-métabolique chez les patients diabétiques de type 2
LIEGE, Belgique, June 12 /PRNewswire/ --
- Résultats de l'essai RIO-Diabetes présentés lors du congrès annuel de l'American Diabetes Association à San Diego, États-Unis
Les résultats d'une étude de phase III, d'une durée d'un an, menée chez 1045 patients diabétiques de type 2 traités par une dose quotidienne de 20mg de rimonabant, premier agent d'une nouvelle classe thérapeutique du nom de bloqueurs sélectifs des récepteurs CB(1), ont démontré une amélioration significative de l'HbA1c (paramètre de surveillance de la glycémie), des taux des lipides et de la pression artérielle systolique. Une diminution significative de l'obésité abdominale a été observée chez ces patients diabétiques insuffisamment contrôlés par un traitement antidiabétique oral, et pour lesquels un meilleur contrôle glycémique s'avérait nécessaire. L'étude a évalué également le profil de tolérance du rimonabant versus placebo chez ces patients.
Les résultats à un an de l'essai RIO-Diabetes ont été communiqués aujourd'hui lors des Journées scientifiques de l'American Diabetes Association à San Diego, en Californie, par le professeur André Scheen, Chef de l'unité de Pharmacologie clinique, service de Diabétologie, Nutrition et Maladies métaboliques, Hôpital universitaire de Liège, Université de Liège, Belgique, investigateur principal de l'essai RIO-Diabetes et membre du comité scientifique du programme RIO.
<< Les résultats de l'essai RIO-Diabetes indiquent que le rimonabant a permis une réduction significative de l'HbA1c et la correction de nombreux facteurs de risque cardio-métaboliques, ce qui est primordial dans la prise en charge globale du patient diabétique de type 2, >> a déclaré le professeur Scheen.
Objectifs et schéma expérimental de l'essai RIO-Diabetes
L'essai RIO-Diabetes est l'une des quatre études internationales de phase III du programme RIO, qui a évalué l'efficacité et la tolérance du rimonabant dans l'amélioration des facteurs de risque cardio-métaboliques et la réduction du poids corporel chez plus de 6600 patients en surpoids ou obèses. Les quatre essais du programme de phase III sont terminés.
L'essai RIO-Diabetes est une étude internationale de phase III, multicentrique, randomisée, en double aveugle, d'une durée d'un an comparant deux posologies à doses fixes de rimonabant (5 mg et 20 mg une fois par jour) à un placebo. L'étude a été réalisée chez 1045 patients diabétiques de type 2 inclus dans 151 centres répartis dans 11 pays. L'étude a eu pour but d'évaluer l'efficacité et la tolérance du rimonabant chez des patients, dont le diabète de type 2 a déjà été traité par un antidiabétique oral (soit par la metformine, soit par un sulfamide hypoglycémiant). L'essai a étudié également l'effet du rimonabant sur l'HbA1C, le périmètre abdominal, le poids corporel et d'autres facteurs de risque cardio-métaboliques comme la dyslipidémie et l'hypertension artérielle ou encore le syndrome métabolique. Le profil de tolérance a été également évalué sur cette période de traitement d'un an.
Résultats de l'essai RIO-Diabetes
Sur l'ensemble des patients inclus dans l'étude RIO-Diabetes, l'HbA1C des patients sous rimonabant 20 mg qui au début de l'étude était de 7,3 % a été réduite de 0,7 % comparativement à ce qui a été observé sous placebo (p < 0,001). 43 % des patients sous rimonabant 20 mg contre seulement 21 % de ceux sous placebo (p < 0 ,001) ont diminué leur HbA1c à un taux inférieur à 6,5 %, qui selon la Fédération Internationale du Diabète1 (IDF) et l'American Association of Clinical Endocrinologists (AACE)(2) est la valeur cible à atteindre chez un patient diabétique. Dans le groupe de patients dont l'HbA1c était supérieure à 7 % au début de l'étude, 52,7 % des patients sous rimonabant 20 mg contre 26,8 % des patients sous placebo (p < 0,001) ont eu au bout d'un an un taux d' HbA1c inférieur à 7%, valeur cible recommandée par l'American Diabetes Association(3). Plus de 50% de l'effet constaté sur l'HbA1c avec le rimonabant 20 mg n'est pas attribuable à la perte de poids, (p < 0,001) suggérant un effet propre du rimonabant sur le métabolisme du glucose.
<< Ce qui est remarquable dans l'essai RIO-Diabetes c'est que le rimonabant a même permis une réduction cliniquement significative de l'HbA1c dans une population de patients dont le taux moyen initial d'HBA1c était déjà pourtant difficilement améliorable, >> a souligné le professeur Scheen.
Les patients traités par le rimonabant à la dose de 20 mg/jour ont réduit leur poids de 5,3 kg contre 1,4 kg pour les patients du groupe placebo (p < 0,001).De plus, la réduction du périmètre abdominal dans le groupe des patients traités par le rimonabant à la dose de 20 mg/jour, a été de 5,2 cm contre 1,9 cm dans le groupe placebo (p < 0,001).
<< La perte de poids rapportée avec le rimonabant chez des patients diabétiques est potentiellement très intéressante, >> a précisé le professeur Michael D. Jensen de la Mayo Clinic College of Medicine, Rochester, Minnesota, États-Unis. << En effet, les traitements antidiabétiques actuels améliorent la glycémie mais s'accompagnent bien souvent d'une prise de poids. Cette prise de poids peut elle-même diminuer les bénéfices du traitement et minorer l'amélioration globale des facteurs de risque cardio-métabolique associés. >> a-t-il ajouté.
Une amélioration significative du cholestérol HDL et des triglycérides a été observée chez les patients traités par le rimonabant 20 mg/jour et ce, tout au long de l'année qu'a duré l'essai. Le taux de cholestérol HDL a augmenté de 15,4 % dans le groupe rimonabant 20 mg/jour contre 7,1 % dans le groupe placebo (p < 0,001), soit une différence de 8,3 % comparativement au placebo. Les taux de triglycérides ont diminué de 9,1 % chez les patients sous rimonabant 20 mg/jour alors qu'une augmentation de 7,3 % a été observée dans le groupe placebo (p < 0,001), soit une différence de 16,4 % comparativement au placebo. Comme avec l'HbA1C, plus de 50 % de l'effet constaté sur l'amélioration des taux de cholestérol HDL n'était pas attribuable à la perte de poids (p < 0,001). Outre l'amélioration du profil lipidique, le rimonabant 20 mg a permis une réduction de 18,9 % de la prévalence du syndrome métabolique contre seulement 7,6 % dans le groupe placebo (p = 0,007). Le syndrome métabolique est constitué d'une myriade d'anomalies métaboliques liées à l'obésité abdominale comme, une glycémie élevée à jeun, une augmentation du périmètre abdominal, des anomalies lipidiques (un taux anormalement bas de cholestérol HDL ou des triglycérides élevés) et une hypertension artérielle ; autant de facteurs associés à un risque élevé de développer des maladies cardiovasculaires.(4)
Tolérance du rimonabant pendant l'essai RIO-Diabetes
L'essai RIO-Diabetes a également permis d'étudier la tolérance du rimonabant 20 mg, du rimonabant 5 mg par rapport à celle du placebo. Les données recueillies dans cette étude se sont révélées cohérentes avec celles recueillies pour l'ensemble du programme de phase III avec le rimonabant qui portait sur 6600 patients. De façon générale, les effets secondaires ont été légers, transitoires et ont le plus souvent consisté en nausées (12,1 % pour le rimonabant 20 mg/jour contre 5,7 % pour le placebo), étourdissements (9,1 % pour le rimonabant 20 mg/jour contre 4,9 % pour le placebo), diarrhées (7,4 % pour le rimonabant 20 mg/jour contre 6,6 % pour le placebo), vomissements (5,9 % pour le rimonabant 20 mg/jour contre 2,3 % pour le placebo), hypoglycémie (5,3 % pour le rimonabant 20 mg/jour contre 1,7 % pour le placebo), fatigue (5,3 % pour le rimonabant 20 mg/jour contre 3,7 % pour le placebo) et anxiété (5 % pour le rimonabant 20 mg/jour contre 2,6 % pour le placebo). Les taux d'arrêts du traitement pour événement indésirable ont été conformes à ceux rapportés lors des autres essais du programme RIO (13,8 % contre 7,2 % à un an respectivement dans le bras rimonabant 20 mg et dans le bras placebo sur l'ensemble des quatre essais RIO).
Adiposité intra-abdominale et diabète
On assiste à une véritable pandémie mondiale du diabète puisqu'il est prévu que le nombre de diabétiques actuellement de 194 millions sera de 333 millions en 2025.(5) Les patients diabétiques ont le plus souvent un syndrome métabolique, à savoir une obésité abdominale et des anomalies métaboliques athérogènes les exposant à un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires. Des données récentes ont montré que l'obésité abdominale, appréciée par la mesure du périmètre abdominal, peut prédire à elle seule et indépendamment du poids ou de l'IMC(6), la survenue d'un infarctus du myocarde. Le périmètre abdominal(7) se mesure très simplement à l'aide d'un mètre ruban et est un indicateur d'adiposité intra-abdominale, à savoir la graisse située profondément dans l'abdomen(8). Selon les recommandations du NCEP/ATP III (National Cholesterol Education Program / Adult Treatment Panel), l'obésité abdominale se définit par un périmètre abdominal supérieur à 102 cm chez l'homme et 88 cm chez la femme.(9)
Rimonabant
Le rimonabant est le premier médicament d'une nouvelle classe thérapeutique, du nom de bloqueurs des récepteurs CB1. En bloquant sélectivement les récepteurs CB1 tant au niveau central que périphérique, en particulier au niveau des adipocytes et des hépatocytes, le rimonabant permet de rétablir une activité normale du système endocannabinoide (système EC).
L'essai RIO-Diabetes a bénéficié du soutien financier de Sanofi-Aventis.
Bibliographie
1 European Diabetes Policy Group, Diabetic Medicine 1999;16:716-30.
2 American Association of Clinical Endocrinologists, Endocrine Pract (2002) 8 (Suppl. 1): 40-82
3 American Diabetes Association. Diabetes Care, Volume 28, Supplement 1, January 2005
4 Eckel RH, Grundy SM, Zimmet P. The Metabolic Syndrome. The Lancet 2005. Volume 365; 1415-1428.
5 International Diabetes Federation. Facts & Figures. Available at www.idf.org.
6 Yusuf et al, Effect of potentially modifiable risk factors associated with myocardial infarction in 52 countries (the INTERHEART study): case-control study. The Lancet, Volume 364 Number 9438, September 11-17, 2004.
7 Despres JP. Treatment of obesity: need to focus on high risk abdominally obese patients. BMJ. 2001;322;716-720.
8 Sharma AM, Adipose tissue: a mediator of cardiovascular risk. International Journal of Obesity, Volume 26, Suppl.24, S5-S7.
9 National Cholesterol Education Panel. ATP III Guidelines, September 2002.